SPELEO-CLUB JURA  Les Grands-Champs, 2863 Undervelier (CH)

Camp Derbo 2013

Damien et même Leica en arrière-plan

Nous vécûmes cette année un grand moment de spéléo sur les hauteurs de Derborence. De la première en quantité industrielle et quelques verres de Chartreuse au programme d'un camp pour le moins réussi.


Nous sommes le vendredi 26 juillet. Alors que le Soleil disparaît derrière la Tête Pegnat, quelques véhicules affluent de toute l’Europe vers l'Auberge du Godey en vue de déguster leur dernier plat préparé de manière traditionnelle avant une semaine de cuisine concoctée sur les réchauds de notre Girardet des lapiaz.
C'est dans la joie et la bonne humeur que fut partagée la dernière Suze avec glaçons et la dernière bière à la pression de la semaine… L'heure de coucher fut plutôt raisonnable et les deux jeunes de l'équipe disparaissent aux alentours de 0h00 pour une montée au clair de lune. 
Samedi matin, l'hélico transporte les 700 kg de matériel en un seul filet. Le reste de l'équipe monte alors que les jeunes du haut, se chargent de déplier le camp.

Une famille de valeureux marcheurs

Après les installations habituelles, l’équipe des 2 blonds part déjà en direction du gouffre du Trissex (C36). La topo dans les Méandres Passable et Minable est réalisée, et le P45 "AccroMat" est enfin descendu en première jusqu'au fond. Arrêt en haut d'un nouveau P20 par manque de corde au son des hurlements hystériques d’un des protagonistes.

Le C36, un trou dont seuls ses explorateurs égalent son exceptionnalité

Fin de soirée en tête à tête pour les deux explorateurs, à bouffer du poulet - curry froid...
Le lendemain dimanche, suite aux annonces d'orages violents, personne n’entre au Trissex. Le légendaire DM36 est descendu, il se termine à -26m.

Notre chef mat dans tous ses états au DM36 Un joli nonosse au DM36

L'évènement majeur du jour fut la naissance du C38, (déc)ouvert par le couple au chien. Une fois la fameuse "Eprouvette" forcée, un méandre aux dimensions frésardesques attend les explorateurs. Quelques trous sont percés, puis l'orage menaçant nous fait déguerpir de ce trou à rats.

L'homme au béret, L'homme au chapeau et L'homme au casque Damien dans l'autre entrée du C38

C'est sous les premières gouttes de pluie que l'on regagne le camp, et la soirée se passe dans l'attente anxieuse de l’ORAGE (attente qui se prolongea fort tard pour les consommateurs de la fameuse Chartreuse…) qui n'arriva que tard dans la nuit. Une nuit perturbée par les tentes couchées à l'horizontale, par la légère brise, les agréables illuminations ponctuelles des éclairs, sans compter le doux ronronnement de la pluie heurtant les toiles de tente et le non moins plaisant murmure du tonnerre…

Heureusement, au réveil, aucune perte humaine n'est à déplorer. Une mare trône au milieu de la tente commune, on murmure que les avides consommateurs de chartreuse de la veille au soir n'auraient pas fermé de manière optimale les portes de la tente… Ont-ils des sacs, chez eux ??
Journée hallucinative et contemplative tous dans la tente commune, entre bataille navale, attente désespérée, sieste improvisée et creusement d’un canal destiné à reposer la tente commune qui navigue sur une mare temporaire, sur son emplacement au sol. Vers les 16h, les plus courageux embrayent la deuxième et vont se balader au milieu du lapiaz, quelques découvertes sont à signaler, dont le nouveau C39 (puits à descendre).

Petite sortie vivifiante de fin d'après-midi

Le Mat se fait tout petit et pénètre dans le C9, laissé en état depuis que quelqu'un serait "rentré dedans", comme disait l'autre. Une cascade bien nourrie et un puits l'accueillent… A revoir en période moins humide. Dans la descente, nouvelle découverte : le C41 est mis à jour par Louis. A agrandir + descendre...

L'homme qui venait des archives à l'entrée du C2?

Le jour suivant - pour ne pas dire "le lendemain" -, soit mardi, une équipe de joyeux drilles prend la route du C36 dans le but de faire un max de première, alors que les Frésard partent agrandir le méandre du C38 (ou Grotte au Snogoude). Pendant ce temps, d'autres essaient de calibrer les Disto et autres PDA, alors que PC vient faire une balade de santé en compagnie de sa soeur sur les lapiaz. Nous sommes enfin rejoints par Géranium Jr. et Cédric C. dans l'après-midi.

L'homme qui venait de Gaule
Résultat de l'expé au C36 -> 70m de première, 100 de topo, arrêt au sommet d'un puits pour cause de… refroidissement extrême des participants; en effet, là-dessous l'orage se fait toujours sentir et il pleut dans le P24...
En soirée, nous accueillons un certain Raf qui vient voir ce que c’est que « la Première » sur les Crêtes avec les braves du SCJ.
Mercredi, ce dernier accompagne Damien et Louis au fond du C36 qui s’enfonce alors à près de -150 m. Durant cette expé, nous découvrons d'abord un large P12, puis immédiatement un deuxième puits (Puits de l'Arche), puis… une Arche. Là, une désob s'impose, et un méandre s'ouvre bientôt aux yeux des explorateurs émerveillées. Un petit filet d'eau y coule d'ailleurs. Le méandre se transforme bientôt en ressaut, puis une désescalade à 45 ° nous guide vers la deuxième désob de la journée dans les cristaux. Enseignement de la journée : le burin se plante moins bien dans le cristal que dans la roche… Puis un interstrate actif et étroit est rejoint. Nous y arrêtons la topo où un bloc nous empêche de passer, mais avec Damien dans notre équipe cet obstacle n'est que temporaire, et le bloc se retrouve bien vite au fond du ressaut qu'il bloquait. Ca continue un bout (25 m de descente environ) avant de pincer sec vers les -250m, soit le record absolu du Val Dorbon. L'agrandissement est laissé à l'équipe suivante… 
Du côté du C38, les Frésard mettent à jour un P26 et un P13 au fond desquels ça queute en interstrate actif vers -77m mais l'espoir ne meurt pas grâce à un vaste puits parallèle au P26, dont l'accès nécessite un agrandissement.
Plus en aval de là, PX, Coline, Daniel et Cédric partent à la recherche de Gouffre des Polonais pour s'y enfoncer jusqu'au Méandre Leica selon nos sources.
Le jeudi, Raf et Louis agrandissent un trou où les cailloux roulent quelques mètres, finalement le C41 ou Trou de la Pipette queute à -10 m après la fameuse Pipette, puits… étroit, un méandre confortable et un R3. Le tout pour environ 20 m de développement… On aura connu mieux durant ce camp, les arrêts sur rien deviennent une habitude. La tendance est au repos durant ce jeudi.
Le dernier jour du camp vit le dernier assaut au C36 donné par les frères Frésard et  Sylvain le Gaulois. L'étroiture terminale est plus longue que prévue, il faudra encore 1-2 sorties pour en venir à bout, en fonction du courant d’air.

Selon nos sources, le chef mat au C36
Damien et Valé vont faire des portages de matos au C36 et au Trou des Français. Pendant ce temps Cédric et Louis vont visiter le C30 et planter des spits.
Samedi, réveil très (trop) tôt pour plier le camp. La plaine du camping se vide petit à petit, et il ne reste bientôt plus que les Frésards et Louis pour crocher le filet. 


A l’occasion d’un portage de matos au C36, le mat tombe sur un trou avec fort courant d’air. ¼ h de désobe plus tard, le passage sur un P8 est ouvert. Au fond, un trou noir dans lequel les cailloux rebondissent à l’infini…ou presque. Le gouffre du Dernier Souffle ou C42 est pointé, puis c’est vraiment le temps de redescendre.
Une franche poignée de mains et un arrêt pour se recueillir face à l'Airette, puis nous prenons la route de nos domiciles respectifs.
Ce camp nous aura révélé l’immense potentiel de la zone des crêtes. En effet, sur les 7 nouveaux trous découverts cette année, nous avons exploré les vastes volumes du C36 jusqu’à -250m, seulement en désobant, 3 journées ont suffi au C38 pour atteindre les – 77m et le C42 nous réserve certainement une suite des plus mémorables…


Notre espoir de trouver Le Collecteur via les Crêtes est très élevé, car le lapiaz est parcouru d’importantes failles et il n’y a pas de couche géologique « de merde » à traverser pour atteindre l’Airette, distante de 5.82km pour 1536m de dénivelé du C36.
Ici haut, nous trouvons tous notre place et apprécions y être, que ce soit pour admirer la nature dans ce qu’elle offre de plus sauvage et calme, pour la diversité des objectifs spéléo partant de la galerie phréatique à désober en surface jusqu’au gratouillage à -250m ou pour la sincérité des rapports humains, libérés de la routine et des contraintes liées à notre époque.
La petite flamme qui vacillait dans nos coeurs en début de saison, s’est durablement rallumée pendant le camp.

Le camp en chiffres : 
m de topo : 500
m de première 500
bouteilles de Chartreuse : 1
bouteiles de Suze : 2
l. de bière : ~20 selon nos sources
nouveaux trous trouvés : 7 (C36 -> C42)
nombre d'arrêts sur rien : 4
plaisir d'être là-haut en % : 150
 

xxx Incestos